CHEPNIERS, L’église Saint-Etienne et ses cimetières
Marie LEBRETON et Céline TRÉZÉGUET, Service Départemental d’Archéologie de Charente-Maritime.
L’église Saint-Etienne de Chepniers est située en bordure sud du bourg, à quelques mètres des berges de la Livenne. Elle a d’abord été une dépendance de la commanderie de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem de Bussac avant d’être une église paroissiale. L’édifice datant des XIIe – XIIIe siècles possède une nef unique et un chœur à chevet plat couvert de voûtes d’ogives, séparés par un transept non débordant. Elle a été entièrement peinte par l’atelier bordelais de Jean-Louis Augier au cours du XIXe siècle. L’église est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1935.
Suite à la découverte d’importants problèmes d’humidité menaçant le décor peint et le bâtiment, un projet de restauration de l’édifice a été entrepris, nécessitant la réalisation d’un drain autour de l’église. Les travaux étant susceptibles d’affecter des éléments du patrimoine, un diagnostic archéologique mené par le Service d’Archéologie Départemental a été réalisé afin d’évaluer le potentiel archéologique du site.
Cette opération a permis de déceler la présence d’une occupation antérieure à la fondation initiale du bâtiment religieux. En effet, les témoignages évoquant la présence humaine dès l’époque antique sont omniprésents, à travers le mobilier céramique découvert, ou même dans l’architecture médiévale qui semble avoir recouru aux remplois de blocs ayant appartenu à des constructions antiques. Ainsi, les fondations du contrefort nord du chevet semblent construites à partir de blocs de dimensions imposantes issus d’une construction bien plus ancienne. L’édifice religieux a en outre subi plusieurs modifications et reconstructions au cours des siècles, notamment au pied de la petite porte aménagée dans le mur gouttereau sud et au niveau des baies du mur gouttereau nord. Un nombre très important de sépultures a été mis au jour, et plusieurs types d’inhumations ont été identifiés : des sépultures en fosses en contenant souple et/ou en cercueil (des clous de cercueil et des épingles à linceul ont été découverts en grande quantité), des sépultures en sarcophage et en coffre de pierres maçonnées. Concernant les individus inhumés, leurs corps étaient déposés sur le dos, la tête à l’ouest.
Un second diagnostic archéologique, réalisé dans des parcelles situées à plusieurs centaines de mètres à l’ouest de l’église, couplé à des sondages menés en 1991 par le Service Régional de l’Archéologie, donnent des éclairages sur l’évolution de l’espace funéraire au cours de la période médiévale. Durant le Haut Moyen-âge (Ve – fin IXe/début Xe siècles) existait à cet endroit une nécropole qui comptait au moins une cinquantaine de sépultures en sarcophages et quelques inhumations en fosses. Les sarcophages qui y ont été découverts sont en majorité de plan trapézoïdal, composés d’une cuve en pierre calcaire et d’un couvercle en bâtière ou plat. Cette nécropole a vraisemblablement été installée à l’emplacement d’un ou plusieurs édifices antiques, dont des maçonneries et des niveaux de sol ont été identifiés. Par la suite, cet espace sépulcral est abandonné pour être resserré autour de l’église paroissiale ; il continue encore aujourd’hui d’être utilisé.
Une céramique presque entière a été découverte lors de travaux effectués par les services techniques de la Mairie, au droit du mur gouttereau nord de l’église. Il s’agit d’un pot à encens, à pâte blanche, orné de motifs géométriques peints rouge et caractéristique des productions saintongeaises des XIIIe et XIVe siècles. Ce type de céramique pouvait être soigneusement déposé auprès du défunt ou jeté, brisé dans la fosse sépulcrale ou sur le couvercle du cercueil.
Le bloc calcaire fragmenté provient très vraisemblablement d’un couvercle en bâtière qui couvrait à l’origine la cuve d’un sarcophage monolithe alto-médiéval.