Quinze espèces de mammifères ont été recensées sur le site, soit une diversité modérément élevée pour ce groupe faunistique. L’absence de micromammifères (insectivores et rongeurs de petite taille) est due à un biais méthodologique, car aucune campagne de piégeage n’a été menée sur le site. Parmi les différentes espèces inventoriées, les chiroptères constituent le groupe le plus diversifié, avec un total de 7 espèces identifiées sur les 15 mammifères recensés dont les plus communs, le chevreuil européen, le sanglier,le renard roux et le ragondin.
Pour les chiroptères, l’activité mesurée à l’aide du détecteur d’ultrasons s’est avérée plutôt faible dans la partie sud du site (partie boisée), et maximale au niveau de l’étang, qui constitue une zone de chasse importante au sein de l’aire d’étude. En termes d’activités spécifiques, deux espèces dominent très largement le peuplement : la Pipistrelle commune, et la Sérotine commune. Ces deux espèces totalisent près de 94% du nombre total de contacts enregistrés au cours des différents suivis nocturnes, les 5 autres espèces se partageant les 4% restant de l’activité.
Pour la faune des mammifères, l’intérêt patrimonial est lié à la présence de 7 espèces de chiroptères et, secondairement, à celle du Cerf élaphe qui est classé déterminant pour les Znieff en Poitou-Charentes.
Chiroptères d’intérêt patrimonial fort à très fort : 1 espèce
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La Barbastelle (Barbastella barbastellus) :
La Barbastelle est une chauve-souris considérée comme une espèce menacée à toutes les échelles géographiques. Au niveau mondial, sa cotation détaillée sur la liste de l’IUCN (2008) correspond à la catégorie « quasi-menacé » (NT), qui regroupe les espèces pour lesquelles une diminution de 30% des effectifs est suspectée sur une échelle de temps inférieure à 15 ans. Les principales causes de régression qui sont invoquées par l’IUCN sont la disparition des forêts naturelles, et l’exploitation forestière intensive, qui limiterait considérablement les possibilités de gîtes pour cette espèce.
Sur le site, elle a été notée en juin puis en août 2016, au niveau de l’étang, le long du ruisseau et aux abords de la mare, à chaque fois avec un seul contact (individus en transit). C’est donc une espèce très peu fréquente sur le site, qu’elle utilise pour ses déplacements ou comme territoire de chasse occasionnel.
Chiroptères d’intérêt patrimonial moyen à fort : 4 espèces :
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Le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii)
Le Murin de Daubenton est une chauve-souris assez strictement inféodée aux milieux aquatiques, qui voit ses effectifs augmenter significativement depuis quelques années. L’eutrophisation des rivières, en permettant la pullulation de petits diptères (chironomes), semble être l’un des facteurs clés de cette évolution. Actuellement, les limitations des populations pourraient être liées à la disponibilité en gîtes, notamment au niveau des ponts et des ouvrages d’art, qui présentent des anfractuosités favorables assez profondes.
Sur le site, le Murin de Daubenton a été enregistré uniquement au niveau de l’étang et en bordure de la mare, au centre-ouest du périmètre d’étude, avec une activité faible (moins de 10 contacts sur l’ensemble de la période de suivi)
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Le Murin de Natterer (Myotis nattereri) :
En dehors des données hivernales, le Murin de Natterer reste une chauve-souris méconnue, avec peu d’observations en période de reproduction. Les populations picto-charentaises semblent relativement faibles, de l’ordre de quelques centaines d’individus, ce qui correspond probablement à une sous-estimation, compte tenu des difficultés de recensement propres à cette espèce. Il est vraisemblable que les individus présents en hiver soient également en partie présents à la belle saison, sous les ponts, dans les combles des habitations ou encore dans les arbres fissurés.
Sur le site, le Murin de Natterer a été détecté uniquement lors de la campagne printanière d’avril 2017, avec un seul contact enregistré au niveau de l’étang de Robinson. C’est la moins fréquente des 7 espèces de chauves-souris recensées sur le site.
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LaNoctule commune (Nyctalus noctula) :
Cette espèce est assez souvent détectée en Poitou-Charentes, mais ses effectifs, et sa répartition hivernale, restent peu connus. C’est une grande espèce de chauve-souris, dont l’envergure peut atteindre 40 cm. De mœurs arboricoles, la Noctule commune s’établit préférentiellement dans des feuillus disposants de cavités profondes, bien protégées du froid, avec une certaine préférence pour les anciens trous de pics. Longtemps considérée comme une espèce strictement forestière, la Noctule commune semble aussi s’accommoder des arbres en milieu urbain (alignements de platanes, vieux arbres dans les parcs urbains...). Elle s’établit parfois dans les fissures ou les corniches des grands bâtiments, même modernes (tours en béton), où elle est susceptible de passer l’hiver.
Sur le site, la Noctule commune a été détectée uniquement au niveau de l’étang de Robinson lors des prospections d’avril 2017, mais n’avait pas été recensée lors des campagnes précédentes. Il s’agit donc d’une espèce occasionnelle sur le site, probablement noté à l’occasion des migrations printanières.
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La Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) :
C’est la plus fréquente des chauves-souris d’intérêt patrimonial moyen à fort identifiées sur le site, puisqu’elle totalise une vingtaine de contacts sur les différentes soirées d’écoutes. La Pipistrelle de Kuhl est une espèce qui apprécie le voisinage de l’homme (espèce anthropophile). Elle est capable d’exploiter les zones de cultures intensives (maïs, colza…), et s’observe fréquemment en chasse sous les lampadaires en milieux urbains. Elle est classée déterminante pour les Znieff en Poitou-Charentes, mais reste néanmoins très fréquente à l’échelle régionale, où elle représente probablement la deuxième espèce la plus abondante après la Pipistrelle commune.
Chiroptères d’intérêt patrimonial faible à moyen : 2 espèces
Les deux autres chiroptères identifiés sur le site (Pipistrelle commune,et Sérotine commune)sont également des chauves-souris anthropophiles, qui utilisent fréquemment des gîtes en milieux urbains. La Sérotine a une activité assez significative sur le site (24% du nombre total de contacts). La Pipistrelle commune est l’espèce dominante, avec une activité sensiblement plus élevée en été par rapport aux autres périodes d’inventaire.
Autres mammifères d’intérêt patrimonial moyen à fort : 1 espèce
Des traces de Cerf élapheont été notées sur le site non loin de la mare, au centre-ouest de l’aire d’étude. Cette espèce est absente ou très dispersée dans la moitié nord du département, mais devient beaucoup plus fréquente au Sud, dans toute la Haute-Saintonge boisée. Cet Ongulé est classé déterminant pour les Znieff dans le département de la Charente-Maritime.
En dehors de ces différentes espèces, le Lapin de garenne est une espèce très commune en Poitou-Charentes, mais classée « quasi menacée » sur les listes rouges françaises et mondiales, du fait de la diminution importante de ses populations dues aux épizooties de ces dernières décennies.